Schubert, Sonate pour violon et piano en La Majeur D. 574

Liza Ferschtman, violon
Enrico Pace, piano

Franz Schubert a pris des décisions importantes avant de composer sa quatrième et dernière sonate pour violon en août 1817. Il a décidé de ne pas retourner enseigner à l’école de son père et a quitté le domicile familial pour s’installer chez son ami, le poète et futur librettiste, Franz von Schober. Initialement intitulée sonate pour piano et violon – l’ordre des instruments est révélateur – la D. 574 représente une ambition plus grande et exige une plus grande virtuosité que ses précédentes « sonatines », comme en témoigne la décision de Diabelli de la publier à titre posthume sous le nom de « Grand Duo » pour violon et piano.

La Sonate pour violon et piano en la majeur D. 574 commence de manière conventionnelle avec un Allegro moderato en forme de sonate. Cependant, Schubert remplace le menuet attendu par un Scherzo enflammé : presto qui traverse des harmonies lointaines avant de glisser dans un Trio central. L’Andantino commence par une mélodie envoûtante interrompue par des éclats dramatiques. Le finale, un Allegro vivace, parcourt trois tonalités au lieu des deux conventionnelles dans son exposition ; quelque chose qui devient une empreinte caractéristique des formes de sonate de Schubert. En 1825, Schubert a adapté le deuxième sujet comme une danse, son Cotillon en mi bémol majeur, D. 976.

 

Beethoven, Trio pour Piano, Violon, et Violoncelle en Ré Majeur Op. 70 No. 1 ‘Les Esprits’

Enrico Pace, piano
Liza Ferschtman, violon
Sung-Won Yang, violoncelle

En 1808, Ludwig van Beethoven envisageait d’écrire un opéra après Macbeth. Parmi les croquis abandonnés de ce projet, se trouvent des idées qui allaient devenir le mouvement lent de son Trio pour piano, op. 70 no. 1, achevé l’année suivante. Carl Czerny établira plus tard un lien entre le Largo assai ed espressivo et une autre pièce de Shakespeare, percevant dans ses tremolandi et ses chromatismes une évocation de la scène où Hamlet rencontre le fantôme de son père. D’où le surnom d’un trio pour piano écrit lors d’un été passé à la résidence de la comtesse Marie von Erdödy à Heiligenstadt.

Les deux mouvements extérieurs de l’Op. 70 no. 1 affichent une perspective plus lumineuse que le centre spectral du trio. L’ouverture en unisson de l’Allegro vivace e con brio s’interrompt de manière inattendue, le violoncelle introduisant un thème que, dans une critique de 1813, E.T.A. Hoffmann décrit comme « exprimant une sérénité ingénieuse, une conscience joyeuse et confiante de sa propre force et de sa substance ». Les humeurs fluctuantes du final Presto rondo continuent à explorer des harmonies inhabituelles, poursuivant le questionnement ludique du premier mouvement, avant de se terminer par une coda exubérante.

 

entr’acte

 

L. Janáček, 2ème Quatuor à Cordes « Lettre Intime »

Quatuor Ardeo

En 1923, le Quatuor Bohemian demanda à Janáček de composer deux œuvres pour eux. La première, connue sous le nom de « Sonate à Kreutzer » d’après la nouvelle de Léon Tolstoï, fut achevée assez rapidement et donna lieu à sa première le 17 octobre 1924. La seconde prit plus de temps et fut finalement interprétée par le Quatuor Morave le 11 septembre 1928, quelques semaines après la mort de Janáček.

Le compositeur avait rencontré Kamila Stösslová en 1917 et en était immédiatement épris. Elle avait quarante ans de moins que lui et était mariée avec des enfants, mais cela n’empêcha pas le compositeur de lui envoyer plus de 650 lettres. Leur premier baiser, le 19 août 1927, aurait apparemment inspiré le quatuor, initialement intitulé « Lettres d’amour ». Bien que Janáček ait élaboré un programme pour l’œuvre, celui-ci ne figurait pas dans la partition publiée et le titre fut changé pour le moins provocateur « Listy důvěrné » (« Lettres intimes »). Bien sûr, cela n’a pas empêché les critiques et les chercheurs de spéculer sur la manière dont les dialogues entre les instruments du quatuor – leurs thèmes et harmonies contrastés – pourraient refléter les différentes étapes de leur relation : de l’espoir initial à la joie finale.

 

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